31 décembre 2019

En guise de vœux forestiers,
juste deux citations extraites
pour la première d’un entretien avec
Marc-André Sélosse (1)

et pour la seconde d’un entretien avec
Jean-François Ponge (2)

1)- « […] Quelles sont les pratiques agricoles qui menacent les mycorhizes ?

M.-A. Sélosse : Il y en a au moins deux. La première c’est le labour. Les champignons mycorhiziens sont fait de filaments qui sont littéralement déchirés par la charrue. La deuxième, ce sont les apports d’engrais d’azote et de phosphate. Il faut bien comprendre que les plantes sont nourries par les champignons mycorhiziens en échange de sucres. Quand elles poussent dans un sol fortement fourni en engrais, elles finissent par pouvoir se nourrir directement et ne plus avoir intérêt à se nourrir avec l’aide de ces champignons et donc n’alimentent plus ces derniers en retour. En d’autres termes, les engrais que l’on apporte dans les sols réduisent la mycorhization. On perd donc l’effet phytosanitaire des mycorhizes et on entre alors dans une double dépendance, non seulement aux apports d’engrais, mais aussi aux traitements pesticides qui pallient la moins bonne résistance des plantes aux maladies. Par ailleurs, les pesticides, notamment les fongicides, vont avoir en retour un effet encore affaiblissant pour les champignons mycorhiziens. On entre donc alors dans la logique de l’agriculture conventionnelle qui certes produit en quantité ce dont nous avons besoin mais qui tourne le dos à la logique historique de production agricole basée sur la vie microbienne des sols et les fonctions mycorhiziennes. Ces dernières peuvent pourtant réduire notre dépendance aux engrais et pesticides, notamment les fongicides. Il y a pour cela un besoin urgent de recherche appliquée, car on ne peut plus fermer les yeux sur les impacts négatifs de l’agriculture conventionnelle. […] »

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2)- « […] Quels sont les impacts sur les sols de l’utilisation d’engins lourds et la gestion en coupe rase de certains gestionnaires forestiers ?

J.-F. Ponge : Le passage des engins lourds à l’intérieur des peuplements forestiers, ou dans le cas de coupes rases, provoque  le tassement des sols. Lorsque les sols sont tassés, ils sont délaissés par les vers de terre qui se déplacent vers les zones non-tassées, ils ne régénèrent donc pas les sols tassés, contrairement aux idées reçues.

On retrouve aussi cette problématique de tassement avec les coupes rases qui créent de fortes variations micro-climatiques (pluie et soleil) défavorables à la plupart des essences forestières. Lors d’une coupe rase, la nappe phréatique remonte, il n’y a plus de couverture arborée et l’on se retrouve avec des sols qui vont s’engorger et sont, dans le même temps, exposés à une forte chaleur. Toutes ces conditions sont peu propices à la régénération naturelle. La pratique des coupes rases crée un environnement drastiquement différent de ce qu’il y avait avant, sur des grandes surfaces, et la recolonisation des sols par les vers de terre et les autres occupants du sol forestier va se faire difficilement.. […] »

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Marc-André SÉLOSSE

animera une journée de formation forestière
à Louchats (Gironde) le lundi 16 novembre 2020
sur le thème suivant :

le sol et les conséquences des travaux mécanisés
(labour, disquage, fertilisation, entretiens…)
sur le fonctionnement de l’écosystème, sur les associations,
sur les échanges, sur les équilibres sanitaires,
sur la croissance des arbres, sur la qualité du bois…

(1) : https://grainesdemane.fr/marc-andre-selosse-lagriculture-conventionnelle-a-tourne-le-dos-a-la-vie-microbienne-des-sols/?fbclid=IwAR07kT8Y-uYNMCWmI-TpU_ldotIK1jvA6BNX9q5UN2vKXP5l2OoRM1LEZRk

(2) : https://www.canopee-asso.org/interview-decryptage-de-linfluence-des-pratiques-sylvicoles-sur-les-sols-forestiers/?fbclid=IwAR3o9XBBbjKqfHuaUfBmTc4BGhRkrsHS6Pl-2iz9hOXpkmkFQctpepUhVyY

Meilleurs vœux à tous !

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