… suite.


Qu’a-t-on fait pour obtenir les insultes du Remplaçant ?

Comment y est-on parvenus ?

Avions-nous un truc ? Quel fut notre secret ?

Quel fut notre génie ? Avions-nous du piston ?

Est-ce accessible au commun des mortels ?

Débriefing d’une gloire :

Pour se faire traiter de farfelu, de nostalgique et d’excentrique… rien de plus fastoche en réalité ! Nous n’y avons pas eu grand mérite, et même le simple quidam peut se lancer avec confiance dans l’aventure.

Il nous a suffi de glandouiller deux ou trois décennies en forêt, puis de traîner nos fesses dans quelques formations forestières professionnelles, puis de partir voir d’étranges forêts lointaines, puis de nous procurer un diplôme forestier quelconque, puis de suivre à l’aveuglette des forestiers de rencontre, d’en profiter pour plumer ensemble quelques pigeons, puis de lire les auteurs forestiers maudits, puis de nous laisser kidnapper par une obscure secte de forestiers bannis, puis de nous infiltrer en douce parmi la mafia des experts forestiers, puis d’exercer chaque jour notre mauvais génie forestier au détriment des pins, puis de remettre à jour constamment notre incompétence forestière, puis de répéter stupidement l’avis de quelques forestiers idiots, puis de recopier bêtement quelques écrits forestiers antiques ou modernes, puis de donner libre cours à notre folie naturelle pour proposer des trucs forestiers sans queue ni tête,

et enfin de poser des questions.


C’est au stade des questions que tout a basculé. Jusque-là, on sentait bien que le jury était conquis, mais qu’il n’osait pas trancher. Et puis quand on a commencé à demander, par exemple, pourquoi labourer le sol, pourquoi ameublir le sable, pourquoi sectionner les racines, pourquoi travailler à perte… alors c’est là qu’on a emporté la décision haut la main et sous les vivats unanimes.

Dans son mot d’intronisation, le Remplaçant ne s’est pas contenté de nous insulter, mais il s’est également offert le plaisir d’en écrire quelques juteuses.

Trois exemples :

1)- Il dissuade les sylviculteurs de produire des bois de qualité, sous prétexte que l’industrie n’en voudrait plus ; nous prenons acte. Incitons quand même le Remplaçant à lire attentivement nos excellentes fiches et rappelons-lui – même si la perspective de produire des jolis bois le heurte – que les arbres de qualité, ça ne se fabrique pas en 8 jours… mais peut-être faudrait-il que la forêt sacrifie à la mode des flux tendus ? Ceux qui recherchent des bois de qualité sauront en tous cas que c’est chez nous qu’ils en trouveront !

2)- Il veut imposer aux propriétaires de reconstruire la forêt, tout en soutenant pourtant que le SSSOviêt Suprêm serait la seule garantie pour défendre leurs intérêts. Mais enfin bon sang de bonsoir, quelle bonne raison pourraient bien avoir les propriétaires sinistrés pour reboiser, alors qu’ils y laissent chaque fois leur chemise ? Pour quelle raison faudrait-il que ce soient les propriétaires forestiers qui prennent en charge de financer l’approvisionnement de la filière du bois ? Sous quel prétexte faudrait-il qu’ils acceptent ce risque, alors que le prix du bois est affligeant (il a été divisé par 16 entre 1970 et 2008 !), que la politique forestière est inexistante, et qu’ils n’ont pas accès à une assurance digne de ce nom ? Quoi qu’il en soit, pas question pour la filière de changer de vache à lait : le SSSOviêt Suprêm l’interdit !

3)- Quant aux chercheurs qu’évoque le Remplaçant, nul doute qu’ils sont partisans de défoncer les sols, d’industrialiser les milieux naturels, de sectionner les racines des pins, de raccourcir les cycles de production, d’augmenter les dépenses, d’intensifier la mécanisation au profit d’une monoculture stricte, de répandre des pesticides, d’extraire les souches des arbres, d’exporter les aiguilles et toutes sortes de rémanents, d’augmenter le poids des engins, etc.. Ces chercheurs-là, on aimerait bien les connaître. Le Remplaçant pourrait-il citer des noms ? Les chercheurs avec qui nous sommes personnellement en contact et ceux dont nous connaissons les travaux ont en tous cas, envers ces pratiques barbares, un enthousiasme beaucoup plus modéré.

À suivre…

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