Méthode de reconnaissance des arbres
Les arbres de nos régions tempérées appartiennent à l'un des deux groupes suivants : les angiospermes ou les gymnospermes. Ce classement est établi en fonction de l'anatomie de leurs fleurs : l'ovule des angiospermes est inclus dans un ovaire, alors que celui des gymnospermes est nu.
Dans le langage courant on utilise volontiers les termes plus imagés de "feuillus" et de "résineux" (ou de "feuillus" et de "conifères"), car la plupart des angiospermes portent des feuilles, de même que la plupart des gymnospermes produisent de la résine et portent des cônes. Toutefois ces appellations sont quelque peu impropres : par exemple le gingko biloba porte des feuilles, ne porte pas de cônes et ne produit pas de résine et pourtant on l'assimile aux résineux, ou conifères. Autre exemple : l'aulne glutineux porte des sortes de cônes mais, étant un angiosperme, il ne fait pas partie des conifères.
La méthode présentée ici est extrêmement sommaire. Pour les feuillus elle se borne à examiner les feuilles, en dehors de tout autre organe. Pour les résineux il peut être nécessaire d'examiner les cônes ou les rameaux. En aucun cas elle ne prétend résoudre les cas complexes ou douteux. Elle permet cependant d'identifier avec une certaine garantie de succès la plupart des arbres présents dans les Forêts d'Aquitaine, plus quelques autres présents dans les parcs ou les jardins. Dans tous les cas il est recommandé de vérifier le résultat par l'examen des autres organes (écorce, fleurs, fruits, etc… ).
La méthode
1) La première étape consiste à définir le groupe. Une indication rudimentaire, mais qui est très simple et relativement fiable, est fournie par l'aspect des feuilles : celles qui "ressemblent à de vraies feuilles" appartiennent à des arbres du groupe des feuillus, et celles qui ont "l'air bizarre, ou absentes" appartiennent à des arbres du groupe des résineux.
2) La deuxième étape consiste à bien identifier la planche adéquate, indiquée dans les colonnes de droite des "clés de détermination", après y avoir progressé à partir de la colonne de gauche.
3) La dernière étape consiste à se reporter à la planche en question afin d'y rechercher la photo présentant la ressemblance la plus nette avec le modèle, ou bien, à défaut de photo, la description la plus proche du modèle.
F- Les feuillus
Les feuilles des feuillus peuvent présenter les caractéristiques suivantes :
a) Elles sont soit de type simple, soit de type composé
b) Les feuilles simples ont une architecture soit pleine (non lobée), soit découpée (lobée)
c) Les feuilles composées ont une architecture soit digitée, soit paripennée, soit imparipennée, soit bipennée
d) Le bord des feuilles et des folioles peut être entier, ou sinué, ou denté, ou bidenté, ou mucroné
e) Leur agencement sur le rameau est soit de structure alterne, soit de structure opposée.
La méthode proposée ici consiste à examiner successivement ces caractères-là, dans l'ordre ci-dessus, grâce à la clé de détermination des feuillus. Dans la majorité des cas, il est extrêmement aisé de reconnaître l'essence à partir de ces caractères simples en suivant cette démarche pas à pas.
R- Les résineux
Les résineux ont un feuillage constitué :
R1 - soit d'aiguilles (pin, sapin, épicéa… )
R2 - soit d'alènes (cryptomère, séquoia géant)
R3 - soit d'écailles (cyprès, calocèdre, thuya… )
R4 - soit de feuilles larges (gingko, araucaria, podocarpus).
Les aiguilles, les alènes et les écailles ne sont que des formes particulières de feuilles.
La méthode consiste à examiner ces caractères, chacun d'eux pouvant lui-même avoir certaines particularités ou être associé à certaines particularités d'autres organes (rameaux de section ronde, ou carrée, ou plate ; cônes ligneux ou charnus). Pour les résineux il y a trois clés.
Il existe quelques familles de résineux dont le feuillage est caduc : mélèze, cyprès-chauve, métaséquoia… Il existe enfin, comme on l'a vu plus haut, un arbre que l'on classe parmi les résineux mais qui porte des feuilles plus "classiques" : le gingko biloba.
Généralités
D'autres caractères peuvent compléter la détermination : la présence ou l'absence de poils, de duvet, de cils, de glandes, d'ondulations, etc… ainsi que la couleur du limbe, son aspect, sa brillance, son épaisseur, sa dureté, etc… De même, la longueur du pétiole, la forme de la jonction entre le limbe et son pétiole, l'organisation des nervures, etc… sont des indications précieuses pour trancher entre deux essences proches. Toutefois, en général, ces caractères supplémentaires ne seront nécessaires que s'il s'agit de différencier deux parents proches : par exemple le tilleul à grande feuilles et le tilleul à petites feuilles.
Il peut également être important de déterminer si la feuille est caduque ou persistante. La majorité des feuillus ont un feuillage caduc : chêne, bouleau, hêtre… Toutefois, de très nombreux feuillus font exception et ont un feuillage persistant : houx, magnolia, chêne-vert…
Dans certains cas il peut y avoir un mélange de plusieurs caractères. Ce mélange peut être spécifique (les folioles du cormier sont partiellement dentées), ou fortuit lorsqu'il exprime un polymorphisme (les feuilles du catalpa peuvent être lobées ou non lobées). Le polymorphisme se rencontre très souvent d'un sujet à l'autre, mais il est fréquemment présent aussi sur un même sujet. Sur le même arbre, par exemple, il est fréquent de trouver à la fois des feuilles dentées et des feuilles non dentées, ou bien des feuilles lobées et d'autres qui ne le sont pas, ou bien des feuilles de couleurs diverses... Tel caractère peut être totalement absent, ou peu marqué. Le polymorphisme peut également exprimer les divers âges d'un individu, ou bien des différences de station, ou aussi un certain degré d'hybridation.
Hélas ces variations fréquentes génèrent la principale difficulté de détermination, puisqu'il s'agit d'examiner des caractères parfois indiscernables, parfois même absents.