6 mai 2016

Voici ce que je lis à l’instant

dans notre bible locale :

« […] nous avons informé les Autorités régionale et nationale […]

que des sylviculteurs

s’engagent à doubler le potentiel

de production du massif […] »

Fichtre ! Ils veulent donc DOUBLER la capacité de production de la forêt landaise.

Pas juste l’augmenter, mais la doubler !

Ça laisse songeur…

… mais ils ne disent toujours pas comment ils comptent s’y prendre.

À part mettre leurs plants soi-disant améliorés qu’ils considèrent comme des fusées

(sauf qu’ils risquent d’avoir quelques exigences en matière

de fertilité et de disponibilité en eau, leurs plants),

j’ai du mal à imaginer comment ils envisagent de s’y prendre, nos super-héros !

Gagneront ? Gagneront pas ? Les paris sont ouverts !…

Au fait : pourquoi pas plutôt TRIPLER ?

Ou même QUADRUPLER ?

C’est ballot de se limiter à juste doubler.

Têt’ qu’y z’ont pas les couilles pour fanfaronner plus haut.

17 avril 2016

Sérieusement, les seules pistes susceptibles d’augmenter réellement la productivité me semblent être limitées à trois : amendement, fertilisation, et irrigation. Le labour, les entretiens, et les autres pratiques consistant à remuer le sol ou à détruire la concurrence ont pour effet, dans bien des cas, de réduire la fertilité à long terme. Chaque passage de charrue perturbe la vie du sol (micro-faune, champignons, réseaux de galeries…) et provoque des pertes de nutriments (évaporation, infiltrations…). Chaque passage de rouleau landais réduit l’activité bénéfique de pompage qu’assurent gracieusement les végétaux. Ces interventions mécanisées ont beau avoir un effet positif à court terme, leur effet à long terme est néfaste. On pourrait les comparer à la période exaltée des Trente Glorieuses dans les sociétés occidentales : la croissance économique était alors positive, l’industrie tournait à fond-la-caisse, il y avait le plein-emploi, le niveau de vie s’améliorait, le confort et les biens de consommation se développaient en continu, et chacun croyait que ça continuerait ainsi éternellement… mais en réalité on était en train de ruiner le capital de notre planète (pétrole, réserves halieutiques, faune sauvage, diversité biologique, réduction des surfaces cultivées, dégradation de la qualité des sols, perturbation du climat, diffusion de poisons chimiques, propagation d’ordures, etc.). En croyant augmenter la productivité grâce à l’action des outils mécanisés, on provoque en réalité l’effet exactement opposé. On ruine le sol, on ruine notre capital producteur : voilà pourquoi la monoculture intensive court à l’impasse.

Un écosystème forestier équilibré ne dépend pas des interventions humaines : il est par nature autonome et pérenne. Pour qu’il fonctionne au mieux, l’idéal serait qu’il soit aussi proche que possible de son état naturel, et c’est la présence des végétaux qui améliore le sol. L’activité humaine doit se limiter à extraire du bois (mais seulement du bois, c’est-à-dire principalement du carbone atmosphérique), en laissant sur place le maximum de rémanents, très riches en matières nutritives et garants de leur recyclage (écorces, feuilles, aiguilles, rameaux fins…), et en conservant autant que possible les divers habitats. Voilà la clef de la fertilité, mais c’est une affaire de longue haleine : le temps y tient le rôle principal.

15 avril 2016

Rebondissement ce soir dans la fameuse affaire des gains de productivité !

Dans une revue de presse forestière reçue à l’instant, je lis ceci :

« Plan Régional Forêt-Bois : les sylviculteurs du Sud-Ouest augmentent la production du Massif des Landes »

Ils augmentent la production du Massif des Landes - Vignette 1

Fichtre ! Ça va à l’encontre de ce que j’ai écrit hier (à lire ci-dessous). L’affaire est grave !

Il y a un lien. Je clique sur le lien. J’arrive sur une page du site de la Maison de la Forêt où j’écarquille à nouveau les yeux pour lire la confirmation qu’un procédé miraculeux a bien été mis au point dans mon dos. Le titre de cette page est le même : « Plan Régional Forêt-Bois : tatati-tatata… ».

Ils augmentent la production du Massif des Landes - Vignette 2

Je n’en crois pas mes yeux : ils auraient donc réussi à inventer une technique sylvicole permettant de s’affranchir des lois de la biologie végétale ! De passer outre les impératifs du fonctionnement des écosystèmes ! De transgresser les fondamentaux de la nature ! De braver les règles immuables qui ont régné pendant des millions d’années sur la faune et sur la flore ! D’enfreindre les bases de l’agronomie et de la foresterie ! De faire faire le boulot des vers de terre par des travailleurs clandestins !…

Curieux de connaître les détails de leur invention, je télécharge le document en question (« PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT FORESTIER 2016-2030 »).

Ils augmentent la production du Massif des Landes - Vignette 3

J’ouvre, je lis… et là je ne trouve absolument rien concernant la fameuse augmentation de production. Rien ! Document fait de bric-et-de-broc, rapetassé à la va-vite à partir de plusieurs sources, sans cohérence, paginé à la barbare et qui, en gros, se contente tout bêtement de décrire comme innovants les vieux itinéraires sylvicoles habituels dans la région depuis quelques décennies, à savoir :

« On laboure, on plante, on rase tout… et on recommence ! »

(itinéraires déjà obsolètes aux yeux de nombreux forestiers, mais passons).

Comment nos héros feront-ils pour augmenter la production ?…

La recette miraculeuse n’est donc pas dévoilée,

et le secret de leur invention reste au coffre-fort !

Bravo les artistes ! Joli tour de passe-passe ! On va vous croire !

14 avril 2016

En matière de production végétale, les gains de productivité ne sont pas là où certains pensent. La productivité est d’abord et avant tout conditionnée par le bon fonctionnement des processus naturels. Le cycle de l’eau, le cycle du carbone, celui de l’azote, et le cycle de tous les autres éléments, de même que le dynamisme des organismes vivant dans le sol, sont les critères vraiment fondamentaux qui déterminent la production de biomasse, qu’elle soit agricole ou forestière. Contrairement à ce que répètent des tas de perroquets sans cervelle, ce n’est pas le tracteur qui fait pousser les arbres, tout au contraire ! Le tracteur, la charrue, le rouleau landais, le cover-crop et tous ces engins de destruction massive ne font que réduire peu à peu la fertilité, a fortiori dans des terrains pauvres comme nos sables landais.

C’est ce que rappelle de façon lumineuse le petit livret intitulé :

« Des arbres et des sols – Éléments-clés de fertilité »

publié par l’association

ARBRE & PAYSAGE 32.

Je vous en recommande la lecture urgente !

Il est extrêmement clair et bien fait.

Même s’il ne concerne pas directement la sylviculture,

il présente les grands principes de fonctionnement

des sols et des écosystèmes et s’applique à tous les sols.

Des arbres et des sols - Vignette

On peut aussi se le procurer directement

sur le site d’ARBRE & PAYSAGE 32 : http://www.ap32.fr/

ou à l’adresse suivante :

Arbre & Paysage 32 – 93 route de Pessan  32000 AUCH – 05 62 60 12 69 – Contact@AP32.fr

Et on peut aussi, très utilement, s’abonner à la lettre d’information de cette dynamique association.